Par Ici Les Sorties : Vendredi 4 mai 2018
Par Ici Les Sorties : vendredi 4 mai 2018
On change sans rien changer. On change tout. On mélange tout.
Chris Orrick – Portraits [Mello Music Group]
Chris Orrick a décidé d’abandonner son nom de scène Red Pill (épisode relaté dans Anywhere Instead) parce qu’il refuse qu’il soit assimilé au mouvement du même nom qui répand haine et violence à partir d’une interprétation erronée de Matrix (pilule rouge : accepter la réalité telle qu’elle est, pilule bleue : rester dans une ignorance confortable).
Le nom change mais pas son éloquence. Le rappeur dépeint notre société avec une singulière âpreté. Et refuse ce système dans lequel une poignée de riches contrôlent le monde, détruisent la terre et tuent des innocents tout en donnant des leçons sur la façon de bien se conduire :
But we can’t die trying, ’cause the rich control the wars
With tomcats high flying
Bombs blast, crying moms ask why kids keep dying
Might just take one for the team and throat slit these tyrants
I mean, these the people supposed to give me guidance?
Hiding billions of dollars in Caribbean islands(Jealous Of The Sun)
Sur Portraits figure des producteurs qu’on affectionne particulièrement sur Flabbergastmusic. L’Orange et son goût pour les beats au son rétro et sa façon si particulière de créer des loops de pianos guillerets comme en atteste Design Flaw ci-dessous. Mais aussi le producteur franco-vietnamien Onra qui nous a régalé avec ses 3 volumes Chinoiseries qui regroupe des musiques composées à partir de trésors vinylistiques chinés…en Chine. Il est plus rarement sollicité, pour des productions Hip Hop. Il signe deux titres Barfly et Jealous Of The Sun. Sur ce dernier on reconnaît bien son style à l’isolation des cymbales et l’utilisation des éléments de percussions de type triangles, carillons.
Lyrics de furie et diversité des producteurs sont de bonnes garanties que Portraits soit exempt de toute impression de monotonie.
Leon Bridges – Good Thing [Columbia]
Quelle est la frontière entre classicisme et innovation? L’artiste doit-il chercher à affirmer son style au détriment du renouvellement ou s’orienter vers de nouvelles contrées au risque de perdre les fans de la première heure? C’est les questions posées par la sortie du deuxième album de Leon Bridges, Good Thing disponible ce 4 mai 2018.
Going Home, son premier opus, était un retour au source de la Sweet Southern Soul music avec en ligne de mire les géants Otis Redding, William Bell et surtout Sam Cooke auquel on pensait automatiquement à l’écoute des premiers singles River, Better Man qui ont propulsé la carrière du jeune chanteur.
Seulement voilà, Leon Bridges a décidé de prendre un virage à 180 degrés pour Good Thing. Cette fois-ci il se tourne, non pas vers le passé mais sur l’avenir. Et ce que l’on pouvait lui reprocher, c’est justement d’être trop proche de ces références, trop propre et a fortiori manquer d’univers personnel. Bad Bad News (clip ci-dessous) traduit cette envie d’aller de l’avant (I’m tired being the back, I’m just trynna move up front).
Sur ce second opus, il est libéré de cette pesanteur ce qui lui permet de s’ouvrir à de multiples possibilités et de mettre en avant des capacités jusqu’ici insoupçonnées. On peut enfin apercevoir les 50 nuances de l’artiste. D’un Bet Ain’t Worth The Hand aux allures de The Making Of You de Curtis Mayfield par le falsetto et l’introduction où foisonnent harpes, cordes et xylophones jusqu’à Beyond, impeccablement séduisant, en passant par le sensuel et remuant Bad Bad News.
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Devi Reed – Ragga Libre [Khanti Records]
Membre de feu The Banyans, Devi Reed sort Ragga Libre ce 4 mai 2018, son deuxième album solo après Essence Of Life. Il s’est également fait remarqué sur le dernier album du beatmaker Degiheugi sur le très beau Kingdom (cf Par Ici Les Sorties du 20 Octobre 2017).
Comme le célèbre cocktail (Cuba Libre), la musique du natif d’Amsterdam est un délicieux mélange de saveurs : reggae, hip hop et musique cubaine qui fait tourner les têtes et fait oublier le quotidien. Une musique capable de traverser n’importe quelle frontière pour apporter soleil et bonnes vibrations. Ragga Libre est également une invitation au sursaut et au positivisme (Wake Up).
Les frontières sont franchies dès la conception de l’album puisque Ragga Libre a été élaboré et enregistré à Toulouse avec les complices Otaam et Claymon, mixé à Londres et contient des artistes de Cuba. Devi Reed a en effet sélectionné la rappeuse Yisi Calibre sur le titre éponyme (voir vidéo ci-dessous) et le rappeur El Individuo (Move And Smile) pour représenter la nouvelle scène rap de Cuba.
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