Playlist Divines Divas 3 – Groupes 100% féminin
Playlist Divines Divas 3 – groupes 100% féminin
Troisième volet de la playlist consacrée aux femmes (il est encore temps de plonger dans le volet 2 ici) avec une thématique consacrée aux groupes féminins. Totalement féminins.
Girls group, girls band, all-female band plusieurs termes peuvent être associés à cette idée. On entend ici par groupes 100% féminin soit des groupes dont tous les membres sont des femmes. Sont donc exclus les groupes tels que The Slits ou The Breeders dont un des membres est un homme mais également les groupes dont seul le leader ou le chanteur est une femme. Soit des groupes vocaux (accompagnés par des musiciens ne faisant pas officiellement partis du groupe, vous me suivez?)
Le premier titre (si vos oreilles saignent trop passez directement à la plage n°2) s’est imposé naturellement lorsqu’on évoque les groupes féminins : The Shaggs (mais où es-tu mon chien Foot Foot!) sont un ovni dans l’histoire de la musique (à lire dans l’excellente BD de Pénélope Bagieu, Les Culottés 2 ou ici). Ce sont trois sœurs que leur père (suite à une prédiction de sa propre mère) oblige à créer un groupe et à jouer de la musique. Elles n’aiment pas particulièrement la musique, ne savent pas jouer, sont la risée du public lorsqu’elles se produisent sur scène et pourtant leur père va leur payer l’enregistrement d’un album studio. Des années plus tard, Philosophy Of The World va connaître une seconde jeunesse lorsqu’une maison de disque a l’idée de le rééditer. C’est alors que Frank Zappa déclare (exagérément) qu’elles sont meilleures que les Beatles et que Kurt Cobain confesse que les Shaggs font partie des artistes l’ayant le plus influencé par leur musique parfaitement intuitive. Une belle introduction donc puisque il y a une filiation entre la binarité et la spontanéité de leur musique et celles qui caractérisent le punk.
Trois tendances se sont dégagées lors de l’élaboration de cette playlist : les punks band – de l’émergence dans les années 70 au riot girrrls des années 90 -, les groupes vocaux que l’ont peut regrouper sous le terme de R’N’B des trios des années 60 à la New Jack Swing des années 90 et l’on finit par un petit tour du monde avec une prédominance des groupes folks.
Punk et féminisme
Les musiciennes punk des années 70s (The Runaways (Cherry Bomb titre n°2, The Slits) ont influencés un mouvement important : les riot girrrl (avec 3 r pour contre balancer le caractère péjoratif à leurs yeux). Il regroupe toutes les problématiques du droit des femmes : le féminisme, l’émancipation, la société patriarcale, les violences faites aux femmes aboutissant trop souvent aux féminicides (cf. Bratmobile – Stab, track n° 3 de la playlist)
On peut lire sur un flyer des Bikini Kills, un des groupes les plus emblématiques des Riot Girrrl, l’explication de sa création :
Because we girls want to create mediums that speak to US. We are tired of boy band after boy band, boy zine after boy zine, boy punk after boy punk after boy… Because we need to talk to each other. Communication and inclusion are key. We will never know if we don’t break the code of silence… Because in every form of media we see ourselves slapped, decapitated, laughed at, objectified, raped, trivialized, pushed, ignored, stereotyped, kicked, scorned, molested, silenced, invalidated, knifed, shot, choked and killed. Because a safe space needs to be created for girls where we can open our eyes and reach out to each other without being threatened by this sexist society and our day to day bullshit
Le but est donc de sortir de l’image propret de midinette servile à laquelle les hommes veulent les cantonner que l’on peut résumer au « soit belle et toi ». Et tout simplement : il n’y avait pas un lieu d’expression pour développer des thèmes précités dans cet univers monopolisé par les hommes quitte à être emprisonnées comme les Pussy Riot (track 11). Il leur importait de casser les codes, les clichés sur la femme.
R’N’B : de la soul des années 60 au New Jack Swing des années 90
Il y une longue tradition de groupes féminins, de celles qui ont été formatées par la machine à tubes Motown The Supremes, Martha and The Vandellas à la northern soul plus créative représentée ici par The Blossoms.
Mais aussi les groupes de r’n’b des années 90 ont pris le relais et ont eu le vent en poupe grâce à la fusion avec le hip hop qui a donné lieu au New Jack Swing (voir ma playlist un peu privé mais que je partage parce que vous êtes gentil ici et qu’il y a prescription) dont le terme évoque automatiquement les productions efficaces de Jimmy Jam et Terry Lewis, Teddy Riley.
Tour du monde des groupes féminins
La folk est un bon pourvoyeur de groupes féminins dans lesquels peuvent éclore un bon nombre de violonistes, flutistes, guitaristes comme dans le groupe irlandais Fara (on me signale dans l’oreillette qu’elles viennent de sortir un nouvel album).
Mention spécial au groupe canadien The Be Good Tanyas que j’ai découvert en élaborant cette playlist. 3 musiciennes, Frazey Ford, Samantha Parton, Trish Klein qui se démarquent par la touche soul de la voix de la leader dans un environnement folk/country. L’harmonica n’a jamais sonné aussi groovy depuis Little Stevie.
Zap Mama est une boule d’énergie sous la houlette de la belgo-zairoise Marie Daulne et nous offre une polyphonie bourrée d’énergie. Une fusion entre les onomatopées et rythmiques africaines (et parfois d’ailleurs comme sur le titre India), le beat-box hip hop, des sons du quotidien et une bonne dose de fantaisie qui transmet sourire et joie de vivre.
On finit calmement avec les islandaises Amiina et leur magnifique utilisation de la scie musicale, d’instruments rares donnant un son onirique, doucement métallique. Un univers exigeant mais qui peut atteindre le sublime.
En bonus track (mais pas celui en dessous) sur la playlist Youtube, car non présent sur les plateformes de streaming, le groupe français crée par Elisabeth Wiener catalogué « rock musette »: les Castafiore Bazooka. Des troubadours/narratrices aux voix porteuses d’allégresse et aux mélodies enchanteresses proches du monde circassien. Un texte ci-dessous ô combien d’actualité malheureusement.
La playlist
A l’heure où le manifeste Keychange, par lequel les festivals s’engagent d’ici 2022 à proposer une programmation paritaire (seulement 5 festivals français sur les 1615 que compte l’hexagone), vient d’être lancé, Flabbergastmusic promeut avec acharnement la musique au féminin dans toute sa diversité et sa splendeur. Et les chiffres sur l’inégalité homme/femme dans l’industrie musicale parlent malheureusement d’eux-mêmes : seulement 14% de femmes programmées dans les festivals US en 2017, 30% d’écart de salaires H/F, 2% des œuvres classiques interprétées en concert ont été écrites par des femmes…et j’en passe (lire le manifeste).
Mais comme dirait Idéal J : le combat continue…
Écoutez, aimez et partagez!
Spotify | Deezer | Youtube | Soundsgood
(Plein d’autres playlists sur Soundsgood)