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Par ici les sorties musique : mars 2019

Sorties musique mars 2019

Mars : les oiseaux enchantent, les artistes choisi(e)s par Flabbergastmusic aussi. Accrochez-vous y a du lourd pour les sorties musiques de mars 2019!

Durand Jones & The Indications – American Love Call – 1er mars [Dead Oceans/Colemine]

Durand Jones se rappelle que sa grand-mère l’entendait toujours chanter à la maison. Elle a fini par lui dire : « je vais foutre ton cul dans une chorale ». Au début il rechignait à s’y rendre puis un jour l’organiste l’a remarqué et lui a donné une chanson. Il l’a chanté et toute l’église a été conquise. Voilà commence l’histoire de Durand Jones. Puis vient la rencontre décisive avec les Indications : en 2012 il quitte la Louisiane direction l’Indiana pour étudier le saxophone alto à l’université (le chant ne faisait pas partie du plan). C’est là qu’il s’est retrouvé dans une cave pleines d’étudiants à jouer Dock Of The Bay avec un groupe de rock and roll bruyant. Ledit groupe étant The Indications formé de Aaron Fraser à la batterie et au chant (le falsetto sur Don’t You Know c’est lui), Blaker Rhein à la guitare, Kyle Houpt à la basse, Justin Hubler à l’orgue.

American Love Call est leur second album. Les trois premiers extraits dévoilés sont irrésistibles et dans la lignée de l’album précédent. C’est une soul de haut standing qui a du peps, porteuse d’un classicisme épuré. Leur premier album éponyme n’avait couté que 452 dollars et 11 cents à réaliser et sans aucune promotion d’envergure ni de soutien marketing majeur et a fait du groupe américain une valeur sûre.

Dans Long Way Home, chaque élément tient une place précise ni plus ni moins : le duo basse/batterie appuyé par la guitare rythmique (qui n’est pas sans rappeler l’accord du Rocking Chair de Gwen McCrae) impulsent la dynamique, les chœurs et les violons soutiennent par petites touches la mélodie du refrain, sur le chorus le dialogue entre la guitare, les cuivres et les cordes est jubilatoire. C’est du grand art auquel on ne peut rester indifférent. Une composition d’une efficacité redoutable qui nous pousse à l’écouter en boucle.

Don’t You Know ravira les amateurs des productions du label Daptone (dont on parlera sûrement pour les sorties d’Avril sans la vigne parce que les vendanges c’est fin aôut/début septembre comme dirait François Cluzet, tu t’égares Tofu reste sur le parking. Si vous n’avez rien compris, contactez-moi au 222-2222 I gotta answering machine that can talk to you).

Aaron Frazer explique que le titre de l’album fait référence à Creole Love Call un standard popularisé par Duke Ellington. Selon lui, trop de gens aujourd’hui regrette le passé alors qu’il est synonyme de violence, oppression, peur et colonialisme. Lorsque nous parviendrons à unir nos forces, nous pourrons alors construire ensemble l’avenir que l’on rêve. Sur ces sages paroles, je vous invité à écouter American Love Call dans les bacs dès le 1er mars.

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Clarika – A La Lisière – 8 mars[At(h)ome]

C’est avec positivisme et détermination que l’auteure/compositrice affrontent les affres de la vie (Même pas peur). La française est prête à la dévorer (La Belle Vie (Tout Tout De Suite)) dans ce huitième album intitulé A La Lisière qui sort le 8 mars sur le label At(h)ome.

Elle y confie ses questionnements intérieurs. Interroge son âme dans Âme Ma Sœur Âme. Se demande comment réussir une rupture amoureuse dans Le Desamour.

Le style particulier d’écriture de Clarika est un savoureux mélange de vocabulaire imagé (Sous Ton Cortex) et précis et de trouvailles humoristiques (le troupeau hagard, De Birkenstockés en chemise, Se selfisant Place Saint-MarcVenise ou On veut des CRS en kilt, Qui chante « déshabillez-moi » – La Belle Vie (Tout Tout De Suite)) ou bruts (Puisque la misère, Du monde on saura, Comment faut s’la faire, Avec nos p’tits bras).

Elle voue, avec Pierre Lapointe, un amour/haine de Venise non sans humour. En cassant les clichés sur la cité lacustre : On n’ira jamais à Venise, Venise c’est qu’une ville de pigeons, Ceux qu’on plume pour quelques devises, Ceux qui ripolinent vos petons (ripoliner vient de Ripolin la marque de peinture). Teinté de nostalgie d’un prestige perdu (le Venise de Visconti et de Fellini) faisant par la même occasion un parralèle entre la ville et un amour jadis glorieux en cours de décrépitude.

A la lisière on y rencontre des personnages attachants : un astronaute névrosé (L’astronaute) , La Dentellière de Vermeer qui rêve de rencontrer Mona Lisa, une femme bonhomme qui joue les gros durs avec son homme (Je Suis Ton Homme).

Le poignant avec Azur clôt l’album dans lequel Clarika exprime, sans tristesse lugubre mais avec une poésie touchante, le choc éprouvé face à l’image d’Aylan Kurdi, enfant syrien de 3 ans, mort noyé sur une plage turque en tentant, avec sa famille, de rejoindre l’Europe.

Un huitième album à la fois tendre, foisonnant et revigorant. Une réussite.

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Karen O & Danger Mouse – Lux Prima – 15 mars [BMG]

La leader de feu le groupe Yeah Yeah Yeah’s, Karen O a réussi à engager Danger Mouse, le producteur le plus en verve  ces 15 derniers années. Travailler avec Brian Burton est un gage de succès quasi-garanti (cf. Adèle, Gorillaz, Black Keys…) sans délaisser le côté artistique. Deux personnes prolifiques et qui osent tout. La moitié de Gnarls Barkley n’hésite pas à se lancer dans des projets audacieux comme le partenariat très réussi avec le rappeur MF Doom (=Danger Doom CQFD). Tandis que la chanteuse est impliquée en ce début d’année dans la bande originale de la série Hannah et a  profité d’une commande de Kenzo pour composer un duo avec Michael Kiwanuka.

La première lueur (Lux Prima en latin) a jaillie en novembre dernier et laissait entrevoir toute l’ambition animant le projet. Lux Prima :  un thème introductif/conclusif qui nous embarque dans un voyage astral. Puis vient la sublime voix de la chanteuse qui inonde le morceau d’un océan de négation. En complète abandon de soi et de l’environnement des deux protagonistes, cette autre devient le centre de tout pour mieux mettre en avant le moment furtif où le nous est mentionné : we’re gonna stay up and ride.

Karen O est très appréciée sur ce blog, élue meilleure featuring 2017 et logiquement présente sur le volet 2 des playlists Divines Divas consacrées aux artistes femmes.

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Dexter Story – Bahir – 15 mars [Soundway]

Soundway Records est une maison de disque qui effectue un formidable travail pour la promotion, la conservation  du patrimoine musical mondial à travers notamment des compilations regroupant des trésors provenant de tous les coins du globe.

C’est également un label dénicheur de talents comme en témoigne Bahir, second album de Dexter Story. Celui-ci possède une multitude de cordes à son arc : multi-instrumentiste (sur le projet Sa-Ra Creative Partner), producteur (de Dayé Arocena), manager (de Snoop Dogg (ex Snoop Lion mais pas ex-misogyne et pas ex-complice de meurtre)).

L’étudiant en Études africaines et en ethnomusicologie a dores et déjà obtenu le diplôme de l’artiste le plus capable de réunir toutes les sonorités du continent noir : soul de Somalie, éthio-jazz, guitare touareg, Afro-funk… Une diversité renforcée par les interventions, entre autres, de Sudan Archive la violoniste et chanteuse (Brittney Sparks de son vrai nom) s’inspirant des musiques soudanaises, Marie Daulne la fondatrice du groupe Zap Mama influencé par le Congo et du chanteur éthiopien Hamelmal Abate.

Bahir promet d’être un beau patchwork de couleurs inspirant et lumineux.

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Lucy Rose – No Words Left – 22 mars [Communion Music]

Après 10 ans de carrière et une année qu’elle qualifie de pire année de sa vie l’anglaise Lucy Rose s’est transformée. Son timbre de voix et son univers se sont approchés de celui de Laura Marling, c’est ce que l’on pressent sur le 1er extrait, Conversation, de son nouvel album No Words Left disponible le 22 mars. Il exprime la fin d’un cycle : un sentiment de ras le bol et un indicible besoin de revenir aux basiques. Elle ne veut plus faire semblant, s’obliger à être quelqu’un d’autre. Sur la vidéo ci-dessus elle se dévoile au naturel, sans artifice et sans maquillage. Un retour à la sincérité qui est, selon elle, la clé de l’album. Ce nouvel opus lui permet de se délester d’un fardeau trop lourd à porter toute seule.

Solo(w) cette balade jazzy (par l’appui discret de la contrebasse et du saxophone) apporte plus de noirceur à son style une pesanteur au texte exprimant une solitude qui l’anéantit. Par le jeu de mot solo/so low, l’anglaise dévoile un état d’esprit au plus bas.

Des hauts et des bas elle en a connu mais elle a toujours trouvé le moyen de rebondir. Ainsi elle a raconté cette anecdote dans une interview : à un moment de sa carrière où elle a perdu sa confiance en elle, sur la capacité de sa musique à atteindre le public, elle a reçu des témoignages sur les réseaux sociaux de personnes du fin fond de l’Argentine lui priant de venir jouer un concert dans leur bled paumé. Elle a appris aussi à cette période que l’endroit dans le monde où sa musique était le plus joué était la ville de Mexico. Elle s’est donc rendu compte du pouvoir de sa musique.

No Words Left s’annonce comme un LP sombre et somptueux…mais sombre…mais somptueux…

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Beth Gibbons & The Polish National Radio Symphony Orchestra – Symphony n°3 « Symphony Of Sorrowful Songs de Henryk Gorecki – 29 mars[Domino]

Tout à commencer en 2013 lorsque l’organisateur d’un festival à Cracovie, dans lequel jouait Portishead, suggéra à Beth Gibbons de chanter la symphonie n°3 « Symphonie des chants plaintifs » du célèbre compositeur polonais Henryk Gorecki.

Cette oeuvre la plus célèbre du musicien est composé de trois mouvements lents. Le premier, sous forme de lamentation, évoque l’amour de Marie pour son fils. Le second, est un message écrit par une prisonnière dans une cellule de la Gestapo et adopte l’angle de l’enfant séparé de ses parents. Tandis que le troisième et dernier mouvement, est un chant traditionnel de la région d’Opole relatif au deuil d’une mère pour son fils.

L’anglaise a dû relevé un double défi : la symphonie est écrite pour une soprano alors qu’elle chante en contre-alto, elle doit chanter dans une langue qu’elle ne connaît pas. Grâce à un gros travail sur la prononciation et la phonétique et à l’aide de deux coachs vocal, l’artiste a surmonté ces difficultés en s’imprégnant de la musique intense et des thèmes de la symphonie : l’amour mère/fils, la séparation familiale causée par la guerre.

Exercice périlleux pour la chanteuse mais elle sait relever tout les défis et l’on sait que la configuration orchestre lui sied à merveille preuve en est avec l’excellent album live de Portishead enregistré au Roseland Ballroom en compagnie de 35 musiciens. Sa voix et son interprétation est capable de faire larmoyer le dictateur le plus sanguinaire. Le concert s’est déroulé le 29 novembre 2014 à l’Opéra National de Varsovie sous la conduite du chef d’orchestre Krzysztof Penderecki. Il est disponible pour la première fois dans un album à paraître le 29 mars sur le label Domino.

Retrouvez Beth Gibbons sur la playlist Divines Divas 1

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Encore soif de nouveautés?

Voici d’autres sorties notables (cliquez sur l’image pour être diriger vers les plateformes d’écoute ou d’achat) :

V.A – Gangster Music Vol.1 (1er mars)

Les Ogres de Barback – Amours Grises et Colères Rouges (15 mars)

Les Innocents – 6 1/2 (15 mars)

Medline – A Quest Called Tribe (20 mars)

A propos de l'auteur

Dj Tofu

Bercé au Hip Hop, les samples et ma curiosité insatiable m'ont fait découvrir des multitudes de genres, pépites et univers. Véritable glouton, j'ingurgite tout ce que j'écoute pour partager mes coups de cœur et news.

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