Par ici les sorties musique : février 2019
Sorties musique février 2019
Hé oui, votre guide préféré des sorties musique passe en mensuel! Un programme encore plus riche (je suis riche de ça mais ça ne s’achète pas comme dirait J.J.G)!
Australie, Grèce, Allemagne, U.S, ça voyage!
Pop/Soul, Indie Rock, Rap, Piano, Folk/Country, y en a pour tous les genres!
Emily King – Scenery – 1er février [ATO]
Classieuse, Emily King apparaît classieuse dans son costume sobre, rose à la main et cheveux parfaitement gominés sur la pochette de son nouvel album Scenery. Classieuse, comme la pop/soul qu’elle nous délivre et qui nous fait dire que la King a tout d’une Prince. Si l’influence du petit Prince, parti trop tôt, est en effet bien nette l’artiste s’en démarque par son style à la fois sophistiqué et accessible, intime et désinhibé.
Sur ce troisième LP, l’artiste met en scène sa capacité à rebondir, à garder la tête haute (Can’t Hold Me, Look At Me Now) au moment de l’après couple, tout en gardant un œil sur le passé récent et encore pesant. Ces interrogations qu’on ne peut pas s’empêcher d’avoir après une séparation, sur la manière dont comment l’autre s’en sort.
Après The Distance, déjà excellent, Scenery est un écrin d’or contenant de la joaillerie brillante sans être bling-bling, séduisante sans être racoleur.
Julia Jacklin – Crushing – 22 février [Transgressive/Pias]
Crushing, le second album de l’australienne survient après 2 ans de tournée et d’une relation amoureuse qui semble tous deux avoir laissé des séquelles. Le titre reflète ainsi le sentiment d’écrasement qui pèse sur Julia Jacklin. Comme-ci elle ressentait ne plus avoir assez d’espace pour vivre, pour respirer, être elle-même (You know that I told you before that you hold me to tight – Head Alone). Elle subit la pression de toute part : de la société, de son entourage. Mais également celle que l’on s’inflige pour immédiatement se remettre à aimer alors que l’on sort tout juste d’une histoire douloureuse (cf: Pressure to party).
Cette situation aboutit logiquement dans Body au renoncement du corps avec le sentiment qui ne lui appartient plus, pas plus que sa vie privée potentiellement livrée en pâture sur les réseaux sociaux.
Do you still have that photograph?
Would you use it to hurt me?
Well, I guess it’s just my life
And it’s just my body
Le corps est alors le marqueur de la fatigue et des meurtrissures. L’artiste livre ainsi son impuissance devant l’impossibilité de se représenter comme elle le devrait personnellement et professionnellement. Le titre s’appuie sur une rythmique minimaliste mais redoutable, qui s’immisce subrepticement et finit par envahir l’espace.
Trois ans après Don’t Let The Kids Win, l’auteure Julia Jacklin élève d’un cran la qualité de son répertoire et rivalise de plus en plus avec l’égérie du rock made in Australie : Courtney Barnett.
Site Officiel | Smarturl | Facebook | Twitter
Tom Blankenberg – Atermus [Less Records] – 15 février
Il a frappé à la porte de Flabbergastmusic avec toute sa délicatesse et sa courtoisie, le pianiste de Düsseldorf Tom Blankenberg interpelle par le minimalisme (lui qui est plus intéressé par le moins que par le plus : son label s’appelant Less Records.CQFD) de son style sur les 13 titres que compte cette première œuvre solo: Atermus. Sa musique dite néo classique, un brin jazzy saura vous apporter de la plénitude.
Pause, demi-pause, soupir, demi-soupir, le musicien joue avec toutes les figures de silence afin de suspendre le temps et embellir les notes jouées. On pense à Joe Hisaishi, compositeur attitré de Hayao Miyazaki et Takeshi Kitano alors qu’il habite dans un quartier nommé Little Tokyo et qu’il voue une fascination pour le Japon (la pochette de l’album est de Hiroshi Kawano et date de 1966).
Our Native Daughers – Songs of Our Native Daughters – 22 février [Smithsonian Folkways]
Deux figures de proue de la scène folk/country/bluegrass américaine, Rhiannon Giddens et Leyla McCalla s’associent avec deux autres musiciennes (Amythyst Kiah, Alison Russel) pour former un super groupe : Our Native Daughters. L’idée étant, avec Songs Of Our Native Daughters, de mettre en avant et de se réapproprier les chansons et histoires inconnues de leurs ancêtres esclaves. Et rendre ainsi compte de la manière dont ils ont façonné leur approche de l’Amérique. Elles s’inspirent notamment du troubadour haïtien Althiery Dorval et de Sid Hemphill, joueur d’une forme de blues très particulière : le Mississippi Hill Country. Les deux artistes se retrouvent après avoir fait partie du groupe Carolina Chocolate Drops. Celui-ci a remporté le Grammy du meilleur album folk traditionnel avec Genuine Negro Jig en 2011.
Mama’s Cryin’ Long est un de ces récits d’esclave adapté par Rhiannon Giddens. Elle a écrit un texte qui lui tient à cœur et pour lequel elle y a mis beaucoup d’émotions. Cette chanson relate l’histoire d’une esclave qui, fatiguée de se faire violer par son maître, finit par prendre un couteau et le tuer. C’est le point de vue de l’enfant qui importe ici. Une vision horrible qui est celle de sa mère pleurant, paralysée, les mains tremblantes, dont la robe est devenu rouge sang. La chanteuse interprète toute la détresse de l’enfant voyant sa mère se faire pendre.
Grosse actualité en ce début d’année pour Leyla McCalla, la musicienne de la Nouvelle-Orléans d’origine haïtienne, puisque le 25 janvier est sorti son nouvel opus plus rythmé The Capitalist Blues avec lequel elle nous émerveille par les multiples couleurs et facettes de son talent : elle chante en créole haitien, anglais, joue du banjo, de la guitare en mettant de côté son instrument de prédilection : le violoncelle. Au carrefour du style Nouvelle-Orléans, cajun, de la folk, du blues (Heavy As Lead), du calypso sa musique colorée constitue un habillage velours pour la dénonciation des ravages du capitalisme et de l’argent-roi (Money Is king) ou les dangers du taux excessif de plomb dans les sols (Heavy As Lead).
Les multiples racines du groupe (Afrique, indiens, Europe, Haïti) donnent naissance à une œuvre à la fois informative, revendicative et intense.
Smif’N’Wessun – The All – 22 février [Duck Down]
Dah Shinnin’. En un seul album Tek et General Steel, le duo formant Smif’N’Wessun, sont entrés dans le panthéon du hip hop. Bucktown, Wontime, Sound Bwoy Burell, Cession At Da Doghillee ces titres sont, pour les hip hop heads, synonymes de tueries intemporelles. Leurs seuls noms évoquent des samples soigneusement sélectionnées et magistralement séquencés par le collectif de beatmakers Da Beatminerz : la flûte traversière de Bobbi Humphrey sur le Harlem River Drive, le saxophone de Dick Heckstall-Smith sur Born To Be Blue version Jack Bruce etc…
Les autres ingrédients pour réaliser un classique sont aussi bien présents : la hargne et la technique rapologique des deux acolytes ainsi que leurs lyrics passés à la postérité : I walk around town with the pound strapped down to my side/No fronting just in case I gotta smoke something (Steele) (…) Got five MC that wanna contest we/Got your nooses ready hanging over the trees (Tek) sur Bucktown.
Alors lorsque l’on apprend que les membres du mythique crew Boot Camp Click s’associent à l’un des meilleurs producteurs du moment – 9th Wonder – pour leur dernier album The All (dans les bacs ce 22 février) on se met à rêver d’un album aussi percutant. Argument supplémentaire : la présence du célèbre membre du Wu-Tang Raekwon et d’une des meilleures rappeuse du moment : Rapsody.
24 ans après (aïe ça pique), la barbichette de Steel est grisonnante, les yeux de Tek sont bouffis mais leurs flows font toujours des ravages.
Freedom Candlemaker – Beaming Light – 22 février [Inner Ear]
Freedom Candlemaker est la traduction littérale de Lefteris Moumtzis l’artiste gréco-chypriote derrière ce nouveau projet. Tombé dans la marmite de la musique à l’âge de 6 ans, il a appris à jouer divers instruments (piano, saxophone, guitare, basse, batterie…) et multiplié les expériences : création de divers groupes (Master of Disquise, Trio Tekke), organisation de festivals, co-fondation d’un label (Louvana Records).
A travers cette lumière rayonnante (Beaming Light), Lefteris Moumtzis élève son âme et se débarrasse de son enveloppe charnel étouffante (Inside I’m aching, I can’t go on – Astral Body) pour muer dans un corps astral (Astral Body) qui le remplit de pensées positives (Playground), d’atteindre le ciel abyssal (Abyssal Sky) où n’existe pas la peur et communier avec l’univers.
Site Officiel | Smarturl | Facebook | Twitter
Encore soif de nouveautés?
Voici d’autres sorties notables (cliquez sur l’image pour être diriger vers les plateformes d’écoute ou d’achat) :
Beirut – Gallipoli (1er février)
Tété – Fauthentique (1er février)
Czarface – Czarface Meets Ghostface (15 février)
Manu Lanvin & The Devil Blues – Grand Casino (15 février)