Par Ici Les Sorties – 15 septembre 2017 – Flabbergastmusic
15 septembre 2017, ça y est la rentrée musicale est officiellement lancée : c’est aujourd’hui que sort une belle brochette d’albums. Comme à l’accoutumé, le choix n’a pas été facile et hormis celui de Yusuf/Cat Stevens dont j’ai parlé dans mon article précédent voici ceux que je vous recommande (suite au report de la sortie de l’album de Benjamin Clementine j’ai décidé de le remplacer par…voir plus bas).
Trio Da Kali & Kronos Quartet – Ladilikan
Le Trio Da Kali perpétue la culture Mande du sud Mali datant du 13ème siècle époque de Sunjata Keita (à qui est dédié le titre 10 de l’album), fondateur du grand empire du Mali. Il est constitué d’une chanteuse (Hawa Kassé Mady Diabate), d’un joueur (Lassana Diabaté) de balafon (sorte de xylophone) et d’un joueur de bass ngoni (Mamadou Kouyaté). Ils ont été réuni par le Dr Lucy Duran au nom de l’AKMI (Aga Kahn Music Initiative) en charge de différents projets impliquant notamment la sauvegarde des musiques traditionnelles.
L’AKMI a demandé au quatuor à cordes Kronos Quartet, avec l’aide du compositeur américain Jacob Garchik, d’arranger le répertoire du trio malien. Mené par le violoniste David Harrington, il s’est imposé comme l’un des quatuors les plus expérimentés de ces 30 dernières années avec la bagatelle de 60 albums à son actif. Il s’est entre autres attaqué à la réinterprétation des œuvres contemporaines de jazz (Bill Evans, Thelonious Monk), de musiques de film (Requiem for a dream), du tango d’Astor Piazzola et bien sûr de la musique classique (Gorecki, Wagner…).
Le septet (du coup) produit un travail de composition remarquable où l’association du balafon et des cordes aboutit à une osmose jouissive que les cordes appuient le rythme imposé par le balafon (sur Kanimba) ou qu’elles mènent le bal comme sur l’instrumental Samuel. Trio Da Kali et Kronos Quartet réussissent le juste équilibre entre tradition et modernisme et parviennent brillamment à réaliser la jonction entre le sud et le nord.
Il se dégage de la voix de Hawa Kassé Mady Diabate de la sagesse qui force le respect, celui que l’on doit à celui qui raconte les légendes ancestrales. Elle nous emporte aussi lorsqu’elle entonne l’hymne gospel God Shall Wipe Out All Tears Away (inspiré du chapitre 7 du Nouveau Testament). Forte et paisible à la fois, elle possède un pouvoir guérisseur (notamment sur Sunjata) rare et relaxant.
Son Little – New Magic – 15 septembre 2017
Parfois pour admirer les étoiles il faut s’éloigner des lumières de la ville. Pour ce second album Son Little est parti chercher l’inspiration en Australie à la fin d’une tournée. La rencontre avec un musicien aborigène aveugle du nom de Gurrumul lui a permis d’écrire une partie des chansons de New Magic.
Blue magic (plage n°2), New Magic, le chanteur confie qu’une part d’inexplicable, de magie le guide dans la conception de sa musique. Ce il-ne-sait-quoi qui booste son processus créatif et qui a un effet salvateur sur sa vie.
Sa vie qui déraille (I think my train is off the railing, is there some way to get it clear?) dans Demon in the dark en raison de l’addiction à différentes substances : alcool, cocaïne, comprimés.
Le titre de l’album peut également faire référence au fait que l’artiste originaire de Philadelphie crée une nouvelle formule à partir de ce qui l’inspire, une bonne partie des musiques afro-américaines (soul, blues, gospel, rythm and blues) mais également à partir de l’influence des artistes avec il a collaboré : RJD2, The Roots). A la différence d’un Leon Bridges qui colle exactement au son des sixties, l’artiste tente de réconcilier toutes les mouvances de la Soul music d’hier (rythm and blues avec O me o my) à aujourd’hui (Nu-Soul).
Sa guitare fait office de baguette magique. Abracadabra, laissez-vous émerveiller par les 11 tours de passe-passe que nous délivre Son Little ce 15 septembre 2017.
Prophets Of Rage – Prophets Of Rage – 15 septembre 2017
Un poing levé trône au centre de la pochette, des lettres et une étoile rouges : pas d’ambiguïté possible avec les Prophets Of Rage, il n’y a pas de place pour les bonbons roses, les bisounours et autres barbapapas. Ils sont là pour revendiquer, contester, crier, faire réagir les foules contre ce monde qui ne tourne pas rond.
Pour Unfuck the world ils ont demandé à Michael Moore de réaliser le clip. Avec lui, ils partagent l’idée que le salut de la planète et de l’humanité passe par la désobéissance civique et à la prise de conscience collective.
Les superrageux dénoncent les aberrations du capitalisme et la pauvreté dans Living on the 110, pont sous lequel vivent des milliers de sans-abris alors qu’au dessus d’eux circulent une myriade de voitures de luxe.
Les deux supers rappeurs du supergroupe sont adeptes des superpasserelles rock/rap puisque Chuck D. et B.Real ont tous deux participé à la B.O de Judgement Night. Cypress Hill n’a pas hésité à mélanger les deux styles musicaux dans un seul et même album (Skull & Bones qui contient le fameux Rock superstar enregistré avec les musiciens de Guns’N’Roses). On oublie pas non plus que Prophets Of Rage est composé de l’ossature très punchy de Rage Against The Machine.
Même si la jeune génération ne jure que par Kendrick Lamar et ont remisé Public Enemy ou de Cypress Hill au placard, leur existence et le vent de révolte qu’ils insufflent sont indispensables. Et à en croire la foule qui se déplace à leurs concerts et les headbanging que procurent leur musique, leur discours et leur démarche plaisent encore.