Hiatus Kaiyote – Choose Your Weapon – Meilleur album 2015
C’est une certitude, ça l’a été à la fin de la première écoute, l’album du groupe Hiatus Kaiyote intitulé Choose Your Weapon sorti début mai est donc mon préféré de 2015.
Pourtant, j’avais des inquiétudes dans la mesure où des titres étaient sortis précédemment sur l’EP By Fire (qui m’a fait découvrir ce groupe via le site Mooovmnt) ou joués en live. J’avais donc peur qu’il ne me reste peu à découvrir par rapport à ce que j’en connaissais. Mais ses doutes se sont estompés dès les premières secondes du premier titre.Après une longue attente, je me suis donc mis dans les meilleures conditions pour cette première écoute : mon casque de prédilection sur l’oreille, le silence autour de moi, l’assurance que rien ni personne ne vienne perturber ma quiétude. J’étais prêt pour le voyage, un voyage musical et spirituel.
Le voyage musical repose sur une orchestration impeccable et riche grâce aux compositions créatives de Nai Palm et Paul Bender accompagnés par des musiciens éclairés. Je pense à la beauté des mélodies de clavier et à la variété de la batterie.Impeccable car les 19 titres qui le composent ne font qu’un, les interludes venant apporter du liant à l’ensemble. A l’instar de l’album, chaque morceau comporte une introduction, un développement, une conclusion. Le jeu de réponse entre la chanteuse et les musiciens est une pure merveille.
Riche puisqu’un même morceau contient différents rythmes, des ruptures, différentes mélodies, différentes styles musicaux qui se succèdent. Ainsi, quasiment aucun morceau ne finit comme il commence.
Prenons l’exemple du premier morceau Shaolin Monk Motherfunk et décortiquons-le :
Introduction, puis à 00:46 accélération du rythme et apparition de la basse, à 1:05 ralentissement et début du chant de Nai Palm, à 1:16 reprise du rythme apparu à 00:46 pour le chorus, le premier chorus et la reprise du chorus, à 2:15 changement de rythme et de mélodie pour introduire le 2ème couplet, puis nouvelle composition pour le second couplet, à 3:27 pont, 4:05 nouveau changement avec la dernière reprise du chorus et la conclusion.
D’autre part, la qualité des transitions est renversante. A la manière d’un prodigieux metteur en scène d’un film qui va trouver l’image ou l’effet qui va relier deux plans l’un à l’autre (sans réfléchir je pense à Alabama Monroe), le groupe Australien enchaîne les titres de manière soigneuse. A titre d’exemple, l’interlude (titre n°4) intitulé « Creations Part One » se termine par la batterie qui va servir d’introduction au morceau suivant à savoir Borderline With My Atoms ou les « hou » de Nai Palm sont en parfaite communion avec la batterie, le piano et la guitare.
Mais la transition la plus saisissante est le passage de Swamp Thing à Fingerprints : la conclusion du titre 8 suit le même procédé que pour le passage du titre 4 au titre 5, la batterie du morceau suivant commence à la fin de la chanson précédente pendant que Nai Palm répète Forever. On apprécie d’autant plus les premières notes de clavier de Fingerprints.
Choose your Weapon nous plonge dans un voyage spirituel où Nai Palm nous invite à vivre en communion avec la nature.Ce rapport à la nature est omniprésent dans l’album où il est fait mention de différentes plantes telles que l’eucalyptus (appelé Coolabah dans The Lung), la camomille ou la rose de Jericho (Breathing underwater).
L’utilisation d’une terminologie liée aux 4 éléments renforce ce sentiment : le feu (By Fire), la terre (l’ocre de Shaolin Monk Motherfunk, Molasses, The Lung), l’eau (Breathing Underwater), l’air (Building A Ladder) sont souvent évoqués tout au long de l’opus.
L’utilisation d’une terminologie liée aux 4 éléments renforce ce sentiment : le feu (By Fire), la terre (l’ocre de Shaolin Monk Motherfunk, Molasses, The Lung), l’eau (Breathing Underwater), l’air (Building A Ladder) sont souvent évoqués tout au long de l’opus.
L’album fait aussi référence aux animaux à plusieurs reprises. Tantôt réels comme le coyote de Borderline With Atoms, la chauve-souris et l’oiseau de Nai Palm – dénommé Charlie Parker – dans Prince Minikid. Tantôt mythique (le Phoenix dans Fingerpints).
La nature est également présente dans leurs influences : Hayao Miazaki (Laputa) ardent défenseur de la nature dans ses films, les amérindiens, obsession du père de Nai Palm (By Fire).
La nature est également présente dans leurs influences : Hayao Miazaki (Laputa) ardent défenseur de la nature dans ses films, les amérindiens, obsession du père de Nai Palm (By Fire).
Pour toutes ces raisons, il est incompréhensible que cet album ne soit pas plus médiatisé notamment en France. La voix de Nai Palm est plus émouvante, riche, personnelle, raffinée que celles d’Adèle, Sia, Rihanna et consorts réunies !
Je ne vais pas vous spoiler la fin de l’album qui est sublime. Et il n’est pas trop tard pour tenter l’expérience Hiatus Kaiyote!Dans un monde qui va de plus en plus vite et dans lequel on ne prend plus le temps pour rien, prenez 69 minutes de votre temps, écoutez l’album, ne faîtes rien d’autre pendant ce temps, et plannez.
Je voudrais terminer par une citation de Nai Palm qui résume toute la philosophie du groupe : « as an artist I feel like it’s my role to celebrate imagination and being advocate for the possibility of anything (…) and I feel like you can reach that through creativity » (extrait de la très intéressante version commentée de l’album).
Créativité est bien le terme qui caractérise le mieux Choose Your Weapon.