Benjamin Clementine pleure les enfants martyrs d’Alep
Benjamin Clementine avait marqué l’année 2015 de son empreinte avec son premier album At Least For Now.
Son charisme, le coffre de sa voix, la beauté des compositions sont autant d’éléments qui subjugue dans son oeuvre. Dans des phases mélancoliques, le piano de Winston Churchill’s Boy résonne encore moi.
Il revient fort en 2017, tout d’abord aux côtés de Gorillaz pour un hymne anti-Trump (Hallelujah Money) mais surtout avec un nouveau titre : Phantom Of Aleppoville.
Avec Phantom Of Aleppovile, Benjamin Clementine dénonce le harcèlement des enfants
Coups de baguettes rapides sur le charleston, duo clavecin/piano accompagné par une basse ronde, l’introduction du morceau est très oppressante et rythmé.
Puis à 1:46 arrive les roulements de tambour, symbolisant la guerre, la peur, la domination. Dans le clip, ce moment coïncide avec celui où des enfants portant des masques poursuivent le londonien transformé en fantôme drapé d’une somptueuse cap noir et or. Ils lui chuchotent puis lui crient « We won’t leave you alone » « We will let you die » auquel le chanteur répond par des « Oh Leave Me »!
Il s’ensuit l’apaisement apporté par la superbe composition au piano. Le solo permet également la transition entre le passé et le présent. C’est l’heure du pardon. Avec une référence biblique à Zacché, le collecteur d’impôt : Jésus demande à Zachée de descendre du sycomore.
O Billy the bully
Come on out of your hideout
Billy the bully, it’s alright
You’ve been forgiven
Come on now Zacchaeus
Come down from your sycamore treeWe’re dancing, roses are found dancing
Sors de ta cachette, descend de ton arbre Billy bully (Billy le harceleur). Je te pardonne, tout va bien. Le Benjamin Clementine adulte pardonne son harceleur de son enfance.
Du haut de son sycomore, l’artiste prend de la hauteur et du recul par rapport à son passé. Car s’il se met en scène c’est qu’il a lui même été victime de harcèlement à l’école. Il fait un véritable travail d’introspection afin d’exorciser ces démons. Un harceleur est resté caché dans un coin de sa tête, le seul moyen de le déloger est d’accomplir cet acte de pardon qui demande énormément de force.
En intitulant son morceau Phantom Of Aleppoville : le chanteur lie sa propre souffrance à celle de centaines, de milliers d’enfants dans le monde, notamment ceux d’Alep, qui sont les victimes innocentes de la barbarie de l’Homme. Comme la fin le suggère : ce cas de harcèlement n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Les questionnements, eux, ne cessent jamais. Pourquoi ce harcèlement? Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à brutaliser un autre? Ces questionnements qui restent sans réponse ce sont le Phantom d’Aleppoville.
Benjamin Clementine accomplit une véritable prouesse en parvenant à créer un mini Opéra en un temps très court (6:30). Phantom Of Aleppoville est une œuvre magistrale et poignante qui ne laisse pas indemne.