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Par ici les sorties musique – Novembre 2019

Leif Vollebekk – New Ways – 1er Novembre [Secret City]

Découvert avec son album précédent Twin Solitude en 2017 avec lequel Leif Vollebekk nous avait ensorcelé par son timbre chaud, le subtil équilibre entre calme et intensité, entre soul et folk. C’est donc avec hâte que nous retrouvons l’artiste canadien et son nouvel album intitulé New Ways.

Le chanteur nous amadoue avec son élocution à la fois douce et pénétrante ainsi que sa façon particulière de ménager son espace, de dompter les silences pour mieux placer des envolées. Cette cadence, cette fausse nonchalance on la retrouve sur Transatlantic Flight ou le soul/bluesy Phaedrus. Cette fois-ci sur New Ways le musicien tente de nouvelles approches :  sur Never Be Back il s’essaye à un phrasé soutenu limite rappé contrebalançant le refrain plus grisant. Il pousse même au yodel pour illustrer les plaines de l’Apalache (Apalachee Plain). Pour autant, c’est en définitive sur le terrain de l’aménité que Leif Vollebekk réussi le mieux à nous désarmer. Ainsi, les quatre titres qui closent l’album, de Change à la balade country Apalachee Plain en passant par Wait a While sur lequel sa voix se fait encore plus ténébreuse sont un délice.

Guidé par la phrase de Leonard Cohen dans le titre Famous Blue Raincoat « j’espère que tu tiens un registre », le chanteur a couché sur papier et sur disque tout ce qu’il n’a jamais pu dire à quelqu’un. Du plaisir ardent (Never Be Back) aux larmes chaudes des adieux (Hot Tears).

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Gang Starr – One Of The Best Yet – 1er novembre [Gang Starr Enterprises]

Jamais je ne pensais pouvoir annoncer dans ses colonnes la sortie d’un nouvel album de Gang Starr. 16 ans depuis The Ownerz dernier LP du vivant du rappeur G.U.R.U et 9 ans depuis sa disparition prématurée, le duo est reformé pour One Of The Best Yet. 9 ans que Keith E. Elam manque terriblement au hip hop, son timbre si chaleureux, son flow posé et ses paroles qui respiraient la sagesse. Gang Starr m’a accompagné une grande partie de ma vie, de mon adolescence à l’âge adulte avec cet engouement constant pour les beats fracassants, des trouvailles de samples et du foisonnant Dj Premier et de la gouaille de GURU. Parce qu’ils sont l’archétype du groupe de rap dans sa représentation la plus noble, prônant le respect, la fraternité. Le recentrage vers les valeurs refuges que sont la famille, la loyauté. Family And Loyalty, premier extrait qui réunit à nouveau les deux étoiles aujourd’hui et qui caractérise la longévité du groupe et qui a motivé Dj Premier à se battre pour que cet album voit le jour.

Après une âpre bataille juridique (pour de plus amples détails je vous conseille de lire l’article du New York Times) entre d’un côté Primo, la famille Elam et de l’autre Dj Solar pour obtenir l’héritage financier et musical du défunt, les premiers ont finalement eu le droit d’utiliser les enregistrements de Guru. Le producteur légendaire a travaillé d’arrache-pied durant 18 mois pour reproduire le plus fidèlement possible le style Gang Starr. Lui seul sait comment doit sonner un album de Gang Starr et ce que Guru aurait voulu. Son esprit traverse l’album : He’s sittin right inside an urn in the session, Lookin’ down from Heaven to Gang Starr current progression (Royce Da 5’9 sur What’s Real), He’s still here, shinin’ down upon us proclame son fils (Keith Casim Elam) qui, sous la houlette de Dj Premier, suit les pas de son père (il va même juste qu’à l’incarner dans le clip de Bad Name).

Avec sa hargne resté intact, le rappeur critique la mauvaise pente suivi par le rap dans Bad Name (Causin’ hysteria, the new hip-hop criteria And they forgot about the blood, sweat and tears, Now we see the results of all the blunts, chicks and beers) et Business Or Art. Clame haut et fort sa street credibility (What’s Real et Bring It Back Here) contrairement au soi-disant MCs aux carrières éphémères (So Many Rappers).

Et toute la Gang Starr Foundation est réuni pour l’occasion : Jeru The Damaja, Freddie Foxx ou Big Shug. Des groupes en hiatus se sont exceptionnellement reformés :  Group Home (au refrain de What’s Real) et M.O.P.(Lights Out) rajoutant encore plus à l’effet « throwback » c’est à dire à ce voyage dans le temps, de l’âge d’or du duo et de ces classiques innombrables. Ils n’ont pas dû hésiter pour rendre hommage au rappeur et faire honneur à l’invitation de Dj Premier. D’autres comme Q-Tip et Talib Kweli, sont des invités rêvés dont la collaboration avec le groupe est inespéré.  L’intervention du membre de A Tribe Called Quest est pour le moins inattendue toute en onomatopées pour imiter les bruits d’armes à feu utilisé par le tueurs à gages (Hit Man). Le sentiment qui domine est que Dj Premier a repris le groupe là où il l’avait laissé 16 ans auparavant. Comme l’indique la partie 4 de The Militia. Le temps s’est suspendu et Guru est parmi nous, c’est aussi ça la magie de la musique.

Terminons par les mots du DJ au MC lors de sa dernière visite à l’hôpital, plaçant un T-Shirt de Gang Starr sur sa poitrine :

“I love you, man. Anything happens to you, I’ll make sure your family’s good. I’ll never let you down. We’re Gang Starr forever.”

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Emily Jane White – Immanent Fire – 15 Novembre [Talitres]

Emily Jane White offre des graines de capucines comestibles aux 75 premiers détenteurs de son nouvel album Immanent Fire. Une idée originale qui symbolise la proximité de l’artiste à la nature. Ce sont ces capucines rouge incandescent que l’on voit sur la pochette et sur les photos promotionnelles. Elles représentent le feu immanent, ce feu qui est en l’homme. Reprenant les thèmes de prédilection de Starhawk, à la fois activiste antinucléaire, militante féministe, chantre de la non-violence, l’artiste désigne l’émergence du patriarcat, mécaniste et colonialiste dominant le monde depuis des siècles et qui est à l’origine du capitalisme sauvage, crée des inégalités (avec une structure pyramidale marquant la scission entre les hauts placés et ceux près du sol décrit dans Entity) comme la cause de l’extinction de l’Homme, de la dévalorisation de la femme et de la destruction de la nature. Il périra ainsi par le feu (Infernal) et il ne restera plus au final que les cendres d’une beauté perdue, que le souvenir lointain d’une civilisation jadis florissante (And in the final throw incinerate the beauty we know).

Le monde industriel broie les vies et emporte tout sur son passage (Washed Away), si l’on ne s’accroche pas. Emily Jane White fait front et trace sa propre voie. En tête d’une procession menant vers les portes du crépuscule (The Gates At The End), elle partage ses errements par delà le poison (Shroud, Dew), le sang, les noyades. Portée par sa voix séraphique, elle nous expose une œuvre sombre et ensorcelante.

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Les autres sorties notables

Cliquez sur l’image pour être diriger sur un lien d’écoute.

Bonnie Prince Billy – I Made A Place – Folk – 15 Novembre

Dj Shadow – Our Pathetic Age – Hip Hop/Electro – 15 Novembre

Saratoga – Ceci Est Une Espèce Aimée – Folk – 22 novembre

Bonnie Prince Billy - I Made A Place
DJ Shadow - Our Pathetic Age
Saratoga - Ceci Est Une Espèce Aimée

A propos de l'auteur

Dj Tofu

Bercé au Hip Hop, les samples et ma curiosité insatiable m'ont fait découvrir des multitudes de genres, pépites et univers. Véritable glouton, j'ingurgite tout ce que j'écoute pour partager mes coups de cœur et news.

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